lundi 13 septembre 2010

Les Fontaines

Les fontaines et carafes à absinthe

Dotée d’un bec verseur qui permet de faire tomber l’eau en filet, ces fontaines dédiées uniquement à cet usage étaient en fait des distributeurs d'eau qui permettaient de préparer jusqu'à six absinthes en même temps.

Posées sur le comptoir, ces fontaines à absinthe pouvaient également être emmenées à table.

Pour la grande joie des collectionneurs, il existe une assez grande diversité dans les fontaines. Elles peuvent être en verre, en métal ou en faïence, avec ou sans décor.
Le nombre de robinets ou becs verseurs peut varier de 1 à 6.

Les collectionneurs sont particulièrement sensibles à la beauté du bocal qui peut être simple, à facettes ou bien encore orné de publicité. Le prix de certaines fontaines à absinthe du XIX° siècle peuvent atteindre 30 000 euros !

Les fontaines peuvent ainsi être classées en deux catégories : les classiques et les publicitaires.

Les fontaines classiques.

Elles peuvaient comporter de deux à huit robinets et arborent sur leurs couvercles divers insignes comme le coq pour la fontaine Terminus, ou bien un gland, que l'on retrouve fréquemment.
Certains brocanteurs spécialisés en proposent régulièrement à la vente sur Ebay, mais ce sont des objets rarement vendus moins de 3000 €, surtout s'ils sont complets (il manque par exemple souvent le filtre à eau) et en bon état.
Il existe des fontaines plus rares, de par le matériau utilisé. Ainsi une Fontaine Perret, l'une des rares à être en terre cuite, est attribuée au potier d'origine suisse Eugène Perret-Gentil et date de 1887. Sa particularité est d'avoir son couvercle orné de trois grenouilles, caractéristiques de la poterie mentonnaise. La cote de cette pièce étonnante se situe entre 1500 et 2000 €.
Les fontaines publicitaires. 
Ce sont celles qui portent sur le verre gravé ou en relief sur la base le nom de la marque d'absinthe. Elles peuvent avoir de un à six becs verseurs.
Les collectionneurs sont particulièrement à l'affut d'exemplaires qui sont les seuls répertoriés comme cette fontaine à six robinets "Absinthe Legler-Pernod", avec verre gravé et publicité en relief
sur la base. Egalement recherchée la fontaine publicitaire pour l'absinthe Terminus. Elle est spécialement recherchée pour son coq gaulois sur le couvercle, pour son bocal gravé et pour son pied avec le célèbre slogan "Terminus, l'absinthe bienfaisante"... , explique le collectionneur Philippe Machet
Les fontaines publicitaires de petites marques d'absinthe donc plus rares sont également recherchées.
Comme cette fontaine à quatre robinets estampillée "Un Edouard", petite marque d'absinthe de l'époque. Son couvercle est orné d'un gland comme c'était souvent l'usage et les robinets sont en forme de trèfle. Il s'agit d'un objet valant entre 2000 et 3000 €.
Fontaine à absinthe Terminus à quatre robinets
"Terminus absinthe bienfaisante"
avec couvercle à charnière orné du fameux "coq".


FONTAINE ABSINTHE BERGER
Tout est d'origine dans cette fontaine à absinthe des années 20/25. Couvercle, pied, robinets et filtre sont en excellent état. Le chrome n'a pas de défaut. La sérigraphie est très belle, avec des couleurs bien vives. Le bocal est en bon état (pas de rayure ou calcaire) sauf 3 fêlures mais qui ne se voient pas quand le bocal est de face.
1500 €

Pour ceux qui n'auraient pas les moyens de se payer une fontaine d'origine, il existe des fontaines dites "modernes". D'exactes répliques de fontaine d'époque qui réjouissent les amateurs puisque le prix tourne autour de 150 euros chez Frenchman qui s'est spécialisé dans la réédition d'accessoires d'absinthe.
Toute en laiton, avec un gros réservoir en verre fin, la fontaine Frenchman pouvant accueillir deux litres d'eau et de glaçons peut servir jusqu'à six verres d'absinthe.
Il existe des fontaines moins chères autour de 100 euros mais dont les robinets sont en plastique. (Fontaine François Guy ou Fontaine Lemercier).

Des répliques sont également en vente à la boutique vert d'absinthe sur Paris.
Des répliques de fontaine 1900 ou Art déco en 47 cm de haut (autour de 100 euros). Une énorme fontaine d'environ 1 mètre de haut équipée de six robinets coûte elle 169 € .
Il y a les fontaines et aussi les carafes
Un collectionneur a mis la main sur un catalogue de la maison Portieux. Outre les verres de différentes tailles, on voit deux carafes exclusivement dédiées à cet usage. "Notez la forme étrange de la carafe de gauche, la grande ouverture servait au remplissage avec de l'eau glacée, et la petite pour verser l'eau en un mince filet sur son sucre" explique ce collectionneur. Celle de droite est particulière aussi, elle se dévisse, ce qui permet de mettre des glaçons à l'intérieur, et quand on l'a bien revissée, aucun risque de les voir tomber sur la cuillère !
L' eau est ainsi très fraîche, à la température idéale de consommation.

Mugnier, Parrot Fils, Junot ... ont apposées sur les carafes d'eau données aux bistrotiers leur logo publicitaire avec souvent leur slogan telles que " Messieurs, c'est L'heure " ou " Vive la Verte " ou encore "Demandez une Opaline Verte, La Meilleure des Absinthes". Des mentions qui se trouvent souvent sur les carafes à eau à fond rentré avec un marquage publicitaire.
"Sur les carafes à eau de l’absinthe Sellerin, la grande distillerie de Villeneuve sur Yonne. Il y est indiqué : "Dive absinthe". Tout un programme. Quand elles étaient remplies d'eau, on avait un effet de grossissement comme une loupe, ce qui rendait la publicité bien lisible. Une des carafes les plus courantes de ce type est "la Cressonnée", explique Philippe Machet. 
Berger, Duval, Pernod-fils, pour ne citer qu'elles, se sont recyclées dans les anisés et ont donc continué de produire des carafes publicitaires même de nos jours.

lundi 6 septembre 2010

LES CUILLERES A ABSINTHE


Objet le plus collectionné, la cuillère  à absinthe. Celle qui justement sert  à préparer le doux breuvage. Indispensable au rituel de préparation. Car l'absinthe ne se boit pas comme n'importe quelle boisson.
Il convient de la sucrer pour masquer son goût amer, mais sa haute teneur en alcool (qui pouvait dépasser les 70°) ne permet pas la bonne dissolution du sucre.
 D'où le rituel suivant. 
On laisse tomber l’eau fraîche goutte à goutte sur le sucre posé sur la cuillère en métal percée de trous que l'on tient au dessus d'un verre où se trouve la liqueur. Le sucre alors se désagrège. Par un savant dosage du filet d'eau traversant le sucre, on obtient alors le mélange idéal de l’eau et des essences de plantes.
Pas d'absinthe donc sans l'accessoire indispensable qu'est la cuillère pour touiller. Cet accessoire indispensable s’est décliné au fil des temps sous diverses formes. Les plus classiques sont rondes ou en forme de feuilles d’absinthe. Généralement fabriquées en bronze plaqué, étain ou nickel, on en trouve des milliers de modèles.


En simple métal argenté ou argent massif, ce n’est pas tant le métal utilisé qui importe pour les collectionneurs. La rareté de l’objet est particulièrement prisé. Comme par exemple une cuillère en forme de Tour Eiffel 1889 ou une cuillère avec au bout une pelle Art Déco.
Un collectionneur a ainsi vendu une cuillère à absinthe Tour Eiffel réalisée à l'occasion de l'inauguration d ela Tour Eiffel en 1889 en laiton chromé pour 270 euros. "Elle est en chrome à 95% ce qui est très rare donc apprécié par les collectionneurs". Une cuillère du même type s'est vendue à 2200 euros sur un site allemand.
Une cuillère en forme de fleur est très rare elle s'est vendue à 500 euros.





Egalement recherchées les cuillères estampillées des publicités Cior, Berger, Oxygénée Cusenier, Secrestat et Picon sucre.


Philippe Machet, collectionneur privilégie quant à lui la forme de la cuillère. "Le métal est secondaire dans la rareté. Les défauts de fabrication peuvent ajouter un "plus", un peu comme en philatélie.Parmi les modèles les plus recherchés on peut citer les modèles représentant la Tour Eiffel, les modèles longs, en forme de coquilles Saint-Jacques ou ayant appartenu à un personnage illustre comme par exemple Toulouse Lautrec". Un point de vue partagé par un autre collectionneur : « Ce qui nous fait craquer c’est la beauté de la feuille d’absinthe, ou alors de curieuses pelles avec des trous et des rayures, une autre pelle à trous en métal argenté et une grille. »



Marie-Claude Delahaye à l'origine du musée de l'absinthe à Auvers sur Oise a classé dans un ouvrage les cuillères selon leur forme générale en distinguant trois grands types de cuillères : les cuillères où l'emplacement du sucre est logé dans le manche, les cuillères rondes dites aussi grilles, les cuillères en forme de pelle...
On peut également classées les cuillères en fonction de la forme de leurs trous : en forme d'étoiles, de trèfles, de carrés, de losanges ou de croix.
Le prix ? Lorsque l’objet est rare, cela peut aller très loin. Ce qui exlique que certains collectionneurs en attendant se jettent sur des copies. « Mais attention prévient ce collectionneur, ce n’est qu’en attendant de dénicher la perle rare ». Et de poursuivre : il faut aussi savoir qu’il existe « des fausses reproductions  très souvent fort bien exécutées».



Alors comment reconnaître une vraie cuillère à absinthe d'une fausse. Réponse de Philippe Machet :"Suspecter les cuillères rares à un prix défaint toute concurrence, les aspects trops trop neufs, les modèles inconnus, les modèles qui n'ont jamais pu exister comme par exemple une cuillère avec des insignes politiques postérieurs à l'interdiction de l'absinthe ... Certains modèles de "fausses cuillères" sont repertoriées sur les sites internet des collectionneurs". Philosophe il conclut, "si les fausses cuillères à absinthe circulent, c'est malheureusement la rançon d'un certain succès ... "





La cuillère peut-être remplacée par un brouille-absinthe, sorte de passoire en verre ou en métal ou de réservoir en verrerie. On les appelle également mélangeurs ou fontaines individuelles. Ces objets étaient percés d’un orifice au fond. Principe de fonctionnement : on adapte la passoire ou le réservoir au-dessus du verre sur lequel il prend place grâce à ses quatre griffes. On met du sucre au fond puis on remplit d’eau glacée qui s’écoule par le trou.  On verse, on regarde puis on boit. De nombreuses affiches nous montrent ces objets.
Particulièrement recherché le fameux brouilleur "Balance" avec mention"Absinthe Oxygénée Cusenier", avec sa petite balançoire contrôlant l'eau gouttante. On verse l’eau dans le corps de l’autoverseur et par le petit orifice qui se trouve au fond du godet, elle coule sur le balancier qui se trouve en dessous, qui, alternativement, dirige le jet à gauche et à droite, ceci pour troubler plus régulièrement et plus scientifiquement la préparation.
Egalement recherchés les brouilleurs publicitaires Absinthe Terminus, Absinthe Deniset et Fils ou Perrenod et Cie.
A la question quelles sont les pièces les plus recherchées, Philippe Machet répond par une lapalissade :"La cuillère le plus recherchée par le collectionneur c'est celle qu'il n'a pas !"










Remerciements a Paris-Bistro Editions pour cet article

L'Abus d'alcool est dangereux pour la santé.
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jeudi 2 septembre 2010

L' Absinthe, symbole de Montmartre



L'absinthe reste au début du règne de Napoléon III et ce jusqu’en 1870 l’apanage de la bourgeoisie qui aime s'encanailler en buvant cette boisson au goût original et au caractère affirmé.
Boisson chère, elle est essentiellement servie à l’apéritif dans les grands dîners parisiens ou les cafés bourgeois à la mode. 
Très vite, les artistes avides de découverte et de sensations nouvelles, succomberont corps et âmes aux charmes de l’absinthe, surnommée d'ailleurs par l’écrivain Irlandais Oscar Wilde The Green Fairy"... . Traduisez «La Fée Verte».


Enivrante (car tout de même distillée à près de 70°), l’absinthe est forcément présente à toutes les réunions intellectuelles et artistiques du Paris de la Belle Epoque. Peintres, écrivains et artistes cherchent l'inspiration en sirotant sans modération l'absinthe.
Dans les cafés de Montmartre, A la Brasserie des Martyrs ou au Rat mort, cette boisson moderne et excitante trouble et envoûte les impressionnistes, Degas, Manet, Van Gogh, Gauguin en tête. Ce dernier n’écrit-il pas :« Je suis assis à ma porte, fumant une cigarette et sirotant mon absinthe, et j'apprécie chaque journée sans me soucier du reste du monde ».
Tous les peintres lui consacreront un voire plusieurs tableaux.

Le film Moulin Rouge avec Nicole Kidman n'est pas loin de la réalité. Toulouse Lautrec à Montmartre servait en 1889 un cocktail qui faisait rougir les filles, un savant mélange ... explosif d'absinthe, mandarine, vin, rouge, fine et champagne.
L’absinthe devient également la Muse aux yeux verts d’écrivains comme Oscar Wilde, Rimbaud, Baudelaire, Joyce, Hemingway, Edgar Poe.
« L'absinthe apporte l'oubli, mais se fait payer en migraines. Le premier verre vous montre les choses comme vous voulez les voir, le second vous les montre comme elles ne sont pas ; après le troisième, vous les voyez comme elles sont vraiment. » témoigne Oscar Wilde.
Charles Cros qui selon les dire buvait vingt verres d'absinthe d'affilée par nuit  lui consacre un poème :
« Comme bercée en un hamac,
La pensée oscille et tournoie,
A cette heure ou tout estomac
Dans un flot d’absinthe se noie, … »
Avec la prolifération des cafés, bistrots et cabarets, l’absinthe va très vite se démocratiser et devenir en 1880 la boisson nationale.

Remerciements a Paris-Bistro Editions pour cet article

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mercredi 1 septembre 2010

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The French Touch !

L'Absinthe en 4 Etapes









Remerciements à La Fée Absinthe pour ces images

Une absente Absinthe...





L'absinthe a accompagné l’âge d’or des bistros de Paris. Quand "l’heure verte" sonnait, c’était la France qui s’arrêtait et les fontaines à absinthe qui envahissaient zincs et guéridons. 

Elle a inspiré peintres et poètes quand Paris, de Montmartre à Montparnasse, était la capitale de l’art et de la liberté. Dans la dèche, aux fonds de leurs ateliers non chauffés, ils travaillaient à de vraies ruptures à commencer par le cubisme. Inspirés par laFée Verte, ils remettaient en cause l’ordre établi. Leurs œuvres ne s’affichaient pas à Versailles dans des expos-happening financées par le contribuable et le milliardaire...




    En signant en 1988, un décret de transposition de la directive européenne autorisant les spiritueux aux extraits d’absinthe* Michel Rocard a permis au produit proscrit par la loi en 1915 de revenir au Pays mais sous une autre identité car le nom "absinthe" reste interdit d'usage. Au grand dam de tous les distillateurs. Après un engouement venu de l’étranger, les Français s’engouffrent dans la brêche en 1999. Cela commence avec la Versinthe...D’autres ont suivi à Pontarlier ou à Saumur. Pernod s’y remet aussi mais presque en catimini.


Rituel magique et anachronique. 
Entre les jeunes qui s’enfilent des “prémix” pour se “casser la tête” plus vite, et leurs aînés individualistes qui courent toujours à la recherche d’on ne sait quoi, le rituel de l’absinthe semble anachronique. Et pourtant. «Aucun spiritueux n’est capable de créer un tel moment de convivialité, souligne Jean-Baptiste Dewever, créateur de la fontaine, laVéritableAvec l'absinthe, on prend le temps d’être ensemble, d’observer le goutte-à-goutte sur le sucre posé sur la cuillère, de percevoir l’odeur qui s’exhale, de rêver devant les volutes des différentes teintes passant du bleu au vert pastel. » Tombé sous le charme de la Fée Verte en 2002, Jean-Baptiste Dewever  n’a eu de cesse de la réintroduire dans les beaux établissements. Ainsi, a-t-il conçu une superbe fontaine contemporaine qui intègre sucre et cuillère de façon à faciliter le service. Sa Véritablepermet de passer de vrais moments.

    Tous fondaient de grands espoirs sur le retour de l'Absinthe dans sa patrie. Force est de constater qu'elle n'a pas vraiment jusqu'à maintenant percé dans l’Hexagone, ne dépassant pas les limites des cénacles de passionnés. Ce n'est pas demain qu'elle concurrencera le pastis, son rejeton non désiré à qui Pernod-Ricard doit d'être le numéro 1 mondial des spiritueux !

    Alors est-ce la multiplicité de marques, dont certaines en provenance de l'Est avaient peu à voir avec le produit original, sont-ce les prix pratiqués -environ 45 € la bouteille- , est-ce encore un effet de sa réputation  qui lui colle à la peau depuis un siècle qui peuvent expliquer cette indifférence ? Le grand public ne la connaît encore que comme l’alcool qui rend fou. «Cette méconaissance du public se retrouve également chez certains professionnels, qui compte tenu du flou juridique qui entoure l'absinthe, préfèrent s'abstenir d'en servir de peur de se retrouver dans l'illégalité.» explique Arnaud Van De Casteele doctorant en Socio-Anthropologie qui réalise une thèse sur le "Revival" de l'absinthe. Bref, à part quelques exceptions, les fontaines n’ont pas reparu sur les zincs et les bistros sont revenus de l'absinthe. Et ce, alors qu'Outre-atlantique l'absinthe fait un carton avec près de 500 000 litres consommés en 2008.


Remerciements a Paris-Bistro Editions pour cet article très enrichissant...

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